Exposition Météo des forêts
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Le projet ECOTONE propose une réflexion sur l’environnement culturel, social et politique de la Maison des arts Georges Pompidou à Cajarc et du Kunstverein Tiergarten à Berlin. Emprunté à la biogéographie, le terme Ecotone(gr. oikos : maison ; tónos : tension) renvoie à une zone dans laquelle deux écosystèmes se superposent et entrent en déséquilibre. Dans cette zone aux règles abrogées et aux antagonismes mouvementés émergent des phénomènes inouïs, transgressifs et inédits.
Artistes : Emmanuelle Castellan / Erik Göngrich / Sylvia Henrich / Stéphane Pichard
Commissariat : Martine Michard, Cajarc, Claudia Beelitz et Ralf F. Hartmann, Berlin
ECOTONE est l’un des 12 projets qui prend place dans le cadre de la coopération franco-allemande « Thermostat » et sonde les possibilités de collaboration entre des centres d’art français et des Kunstvereine allemands. Des résidences croisées ont permis à quatre artistes de mener une réflexion intensive dans le contexte d’Ecotone. Chacun d’eux est allé dépister les différences, les connexions ou les confrontations. Ouvrant des perspectives extrêmement hétérogènes, les travaux exposés successivement à Berlin et Cajarc instaurent un dialogue ouvert entre les deux lieux.
1621 km dont 1469 km sur autoroutes
15h02 dont 12h43 sur autoroutes
Le projet élaboré entre nos deux centres d’art trouve matière à réflexion dans cette distance. Les artistes d’ECOTONE ont éprouvé et expérimenté les écarts et les similitudes qui, de Moabit aux Maisons Daura, interrogent les états d’une nature dont on peut douter de l’intégrité, comme les projets d’une ville qui convoite la moindre vacuité.
Dans sa peinture, Emmanuelle Castellan met le réel à distance, il y a donc peu de référence évidente aux paysages fréquentés, mais sa peinture est cependant toujours une expérience du lieu. L’artiste raconte sa relation aux images, leur oubli, leur insistance, leurs signifiances dans des compositions minimales et denses à la fois. Si la photographie sert de base à son travail, Emmanuelle C. ne fait apparaître que des éléments épars, objets, personnages et gestes, en partie avalés par la surface. L’aventure picturale se prolonge de la résidence à l’atelier puis à la galerie d’exposition pour proposer une circulation, des déplacements, des scénarios différents qui permettent de voir autrement la peinture.
D’Erik Göngrich, la légende dira qu’il a glissé sur une figue en posant le pied à Saint-Cirq-Lapopie et qu’ainsi est né son projet de résidence dans le Lot. De fait, son arrivée à l’automne a coïncidé avec la profusion des récoltes fruitières. Il a glané baies et châtaignes dans les chemins alentour et s’est peaufiné une aura de cuisinier – très appréciée de ses co-résidents. Un parfum de confitures a bientôt enveloppé les Maisons Daura. Dans la lignée des traditions culinaires du Quercy, Erik G. aurait pu se contenter de compléter le manuel de recettes d’artistes pour faire œuvre. Il a heureusement poussé plus loin la recherche. Une visite aux archives départementales, puis dans une coopérative en activité, ont engagé son propos vers une enquête anthropologique, puis architecturale. La découverte d’une photographie d’un bâtiment moderne, érigé en 1933 et ayant abrité une coopérative fruitière prospère, a engendré la série de projets de musées dessinés. Le sérieux de la recherche – la ruine d’une économie et le défi touristique – rivalise avec le burlesque d’une situation où la culture serait l’héroïne salvatrice, avec ses 16 musées, dont le probable MNC, Musées des Noix et des Châtaignes. À contre-courant des évidences, Erik G. voit dans la situation contrastée entre les deux contextes, autant de similarités que de différences.
Sylvia Henrich connaît l’attrait pour les sites touristiques, dont elle s’attache le plus souvent à faire valoir l’identité pervertie. C’est au final une réflexion moins spectaculaire sur la perception qui a retenu son intérêt. Elle a collecté des brindilles de vigne vierge qui pousse à profusion et dont les tonalités d’automne enflamment la minéralité austère du village. Sylvia H. a invité des personnes à réaliser deux teintes pour représenter la couleur des feuilles et celle de la tige. Le même motif végétal posé sur ces fonds peints produit un ensemble de déclinaisons colorées qui questionnent dans le même temps la peinture et la photographie. D’une question simple naît toute la complexité d’une vision et la radicalité d’une exploration conceptuelle et sensible du paysage.
Stéphane Pichard évoque explicitement les deux territoires où il a résidé à quelques années d’intervalle. La question du point de vue s’est imposée en un contraste révélateur : en contre-plongée sans horizon à Saint-Cirq-Lapopie ; au ras du sol et ouverte sur le ciel à Berlin. Question de géographie et de rythme : le mode de captation lent et régulièrement égrené, chaque jour à la campagne, a connu à Berlin la fulgurance d’une demi-journée. Stéphane P. a ce regard mobile d’un observateur attentif aux détails qui traversent l’écran du réel et lui offrent de sculpter des moments singuliers où le document se tient au bord de basculer dans la fiction.
Regardés par ces quatre artistes, les deux sites peuvent être considérés comme des enclaves dans le réel. Il résulte de leurs visions, une polyphonie atonale dont l’exposition s’efforce de traduire les lignes de force, les plans lumineux et la résistance à des protocoles normés, trop souvent synonyme d’absence d’échanges et d’humanité.
Martine Michard, Février 2011
Maison des Arts Georges Pompidou
> Maisons Daura, résidences internationales d’artistes/ Saint-Cirq-Lapopie
> Centre d’art contemporain/ Cajarc
BP 24
46160 Cajarc
T: + 33 (0)5 65 40 78 19 | + 33 (0)5 65 14 12 83
F: + 33 (0)5 65 40 77 16
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