Exposition Météo des forêts
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du 4 février au 29 mars 2009
Crédac-Centre d’art contemporain d’Ivry
Vernissage
Mardi 3 février 2009. 17h-21h.
Absalon, Dove Allouche, Saâdane Afif, Silvia Bächli, Vincent Beaurin, Katinka Bock, Matti Braun, Stéphane Calais, Mircea Cantor, Denis Castellas, Isabelle Cornaro, Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Hubert Duprat, Jimmie Durham, Sammy Engramer, Giuseppe Gabellone, Isa Genzken, Geert Goiris, Rodney Graham, Mona Hatoum, Alain Huck, Guillaume Leblon, Didier Marc el, Enzo Mari, Isa Melsheimer, Yan Pei-Ming, Helen Mirra, Liliana Moro, Robert Morris, Gabriel Orozco, Gyan Panchal, Gina Pane, Laurent Pariente, Claudio Parmiggiani, Eric Poitev in, Man Ray, Didier Rittener, B ojan Sarc evic, Mathias Schweizer, Kiki Smith, Jana Sterbak, Nathalie Talec, Tatiana Trouvé, Jean-Luc Vilmouth, Virginie Yassef et Julien Prévieux et Raphaël Zarka
Commissaire de l’exposition : Claire Le Restif avec la complicité de Jean-Louis Trocherie et Hélène Meisel
« Il existe un labyrinthe qui se compose d’une seule ligne droite » J.L. Borgès
Cette exposition s’est construite par fouille car l’archéologie de la mémoire est inventive et soucieuse de continuité. À la manière du chercheur d’or dans les rivières, un travail de tamisage et de raffinage a distingué une galaxie d’oeuvres. Bien qu’elles soient irréductibles à une lecture unique, le choix des oeuvres anciennes (1920, 1967…) et récentes met en avant un grand souci « matériologique », des forces vitales exposées, l’histoire naturelle des formes.
À la fois cabinet d’amateur et atelier dans sa forme provisoire, cette exposition se lit à travers des oeuvres sans âge, c’est-a-dire difficiles à dater, voir anachroniques dans les gestes qui les ont modelées, l’esprit et l’intelligence qui les ont définies. La chaîne poétique est aussi durable que la pierre, la parole que le marbre. Les traces de l’Homme sont imprévisibles.
Les oeuvres choisies sont d’argile (mémoire de la forme), de graphite (le carbone offre l’élément de la plus ténue différence entre l’ordre animal, l’ordre végétal et l’ordre minéral), de silex (la taille du silex depuis plusieurs centaines de milliers d’années, c’est caillou contre caillou), de plomb (saturne, astre fatal, maître du plomb et de la mélancolie), de poussière (poudre, particule de matière), de verre, de sable, de cristaux, de corail, d’ambre, de papier, de coquillage, d’aquarelle. Il s’agit de matières fondamentales et élémentaires qui forment « la substantifique moelle » du répertoire naturel, des substances les plus brutes aux plus précieuses.
Ces oeuvres ensemble évoquent l’origine, qu’elle soit fantasmée ou inventée. Elles disent le temps, milieu naturel de l’art, qui boucle sur lui-même, au sens où certaines formes du passé persistent, survivent au présent, demeurent et traversent les siècles vers le futur : le mythe de l’éternel retour.
« Le Travail de rivière » est une forme d’amplification des Roses de Jéricho* où déjà les sujets explorés étaient les notions d’origine et de temps (on y retrouve d’ailleurs le travail de quatre des huit artistes des Roses de Jéricho). « Le Travail de rivière » met à jour des sujets classiques que sont les vanités, le paysage ou les végétaux, en même temps qu’elle actualise des relevés plus naturalistes comme les empreintes, les fossiles ou les prélèvements géologiques, tout en collectant les traces ethnographiques que sont les masques, coiffes, objets votifs, cellules nomades. Autant de matrices formelles, artistiques, culturelles et intellectuelles.
C’est une « collection de sable » au sens d’Italo Calvino : « rassembler une collection comme tenir un journal, c’est-a-dire un besoin de transformer le cours de sa propre existence en une série d’objets sauvés de la dispersion, ou en une série de lignes écrites, cristallisées en dehors du flux continu des pensées ».
Une exposition, au fond qui avoue qu’elle peut être le fruit de l’imagination du collectionneur temporaire qu’est le curateur, et qu’à cet égard elle peut s’inscrire dans un système de correspondances subjectives équivalent à celui de la collection. C’est une exposition qui se regarde à travers différentes strates, comme se révèle, au coeur de l’été, le lit d’une rivière asséchée.
Le Travail de rivière est également le titre d’un livre de Laure Limongi à paraître en 2009 chez Dissonances / Pôle graphique de la ville de Chaumont, avec une création graphique de Fanette Mellier.
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