Exposition Météo des forêts
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La bourse ou la pluie, Lucie Chaumont 2010
Galerie Eva Hober
30 octobre – 20 décembre 2010
Vernissage le samedi 30 octobre 2010 – 16H-21H
October 30th – december 20th 2010
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Lucie Chaumont expose à la galerie Eva Hober une série de dessins réalisés à la mine graphite et un mur en boîtes de carton de format « parpaing ». Conjointement, son installation intitulée « Empreinte écologique » est montrée à l’espace EDF. L’ensemble frappe par son économie de moyens. Un parti-pris de rigueur sans doute nécessaire en regard des sujets évoqués : bouleversements écologiques, crises sociales, politiques et identitaires. Autant de thèmes globalisants qui émeuvent, donnent mauvaise conscience et font beaucoup parler. Lucie Chaumont passe au tamis ces strates de discours agglomérés par l’opinion publique. Elle en reconsidère les éléments en une approche réflexive porteuse d’ironie.
L’inscription outrancière de notre action dans la nature est une préoccupation majeure de l’écologie. La thématique des retombées de l’action, ou de leur dépôt, apparaît dans les œuvres de Lucie Chaumont. Si son installation, Empreinte Ecologique (espace EDF), s’y réfère explicitement, les outils qu’elle emploie s’accordent également au cahier des charges qu’elle semble s’être fixé : concision, justesse de l’intervention dans un contexte donné. L’usage de la mine de graphite permet une précision du tracé, de la pression exercée sur le support papier et des nuances chromatiques. Elle donne aussi la possibilité de corriger une action ou de l’effacer. Le mur réalisé en carton se monte et se défait facilement. Son format variable s’adapte à l’espace disponible et son matériau se recycle. Cet effort constant de positionnement par l’artiste, dans sa portée réelle et symbolique, donne à son œuvre un style et une tonalité d’ensemble.
Le volume dessiné d’un iceberg immergé aux trois quarts ou la représentation d’une nappe de pétrole tapie dans les fonds marins décrivent le décalage entre une réalité manifeste et une autre cachée. Des graphiques extraits de manuels scientifiques ou de la presse (comme le dessin Milliards) suivent les fluctuations de phénomènes dont on ne connaît plus la nature. Ainsi évidés de leur référent, leur vrai dessein apparaît : mesurer scientifiquement les raisons de nous inquiéter ou d’espérer. « La bourse ou la pluie » titre ironiquement un dessin.
En un jeu de glissement sémantique provoqué par ces prélèvements de signes et leur mise en série, Lucie Chaumont passe sensiblement du registre climatique, ou économique, au registre psychologique.
A la façon des moulages de produits de consommations exposés à l’espace EDF, les dessins de Lucie Chaumont sont indiciels. Ils ne font que désigner l’existence d’un phénomène. L’absence radicale de proposition contraste avec leur réalisation artisanale. Ce qui apparaît d’abord est le travail minutieux de la main mimant l’exactitude de la photocopieuse, une performance acharnée, un exutoire de l’Horror Vacui. Le dessin est dense par sa qualité performative, tout comme le mur en carton dont les boîtes contiennent pourtant du vide. La reproduction minutieuse au crayon de tickets retirés lors de démarches administratives pour attendre son tour poursuit ce recensement maniaque d’actions. Consommer, produire, reproduire, attendre, craindre, espérer, autant de façons d’être au monde que Lucie Chaumont investit d’une épaisseur temporelle et réflexive. En matérialisant la part inévitable de vacuité contenue dans nos discours et dans nos actes, elle dessine les contours d’un monde invisible, doublure vertigineuse de celui que nous sommes certains d’habiter.
Marguerite Pilven
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