Résidence de Ruedi Baur à La cuisine

Ruedi Baur, dans le cadre du post-diplôme qu’il dirige à la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève et de son institut de recherche Civic City, développe depuis juin 2012 une recherche – création avec ses chercheurs et ses étudiants sur la sémiotique contemporaine de l’inscription publique ainsi que sur les questions identitaires relatives à une poétique de l’écrit à l’échelle de la ville de Nègrepelisse. Ce travail contextuel prend appui sur une approche civique consistant à aborder tout récepteur mais également tout émetteur comme un citoyen digne et responsable qui se trouve ainsi au centre de ces propositions : il ne s’agira pas seulement de proposer des solutions abouties mais de mettre en œuvre une culture durable et partagée de l’écrit.

Deux workshops se sont déroulés à Nègrepelisse courant 2012, un premier en juin et un second en septembre. Une exposition ainsi que plusieurs prototypes installés dans la ville permettront de présenter la démarche.

Il s’agit ainsi notamment, à l’heure d’une grande transformation des territoires ruraux, d’associer la création artistique à des réflexions politiques et urbanistiques.

Par des interactions constantes entre le centre d’art, l’équipe municipale et les habitants de Nègrepelisse le projet artistique de La cuisine est constamment questionné et évolue. Afin d’être réactif, La cuisine a constitué Le tiroir, espace malléable et laboratoire de ces expérimentations. Le tiroir permet notamment de tisser des liens avec des équipes de recherche et des étudiants en art afin de réaliser sur leur territoire des workshops qui abordent des problématiques de la recherche en art. Ce premier workshop réalisé avec le laboratoire Civic City et la HEAD inaugure ces actions que La cuisine poursuivra lorsqu’ils disposeront de leur bâtiment.

Le projet de Civic City s’inscrit dans le Programme Européen Leader Midi-Quercy qui soutient des initiatives d’innovations sociales et environnementales pour développer une attractivité durable du territoire.

Civic City et ses équipes d’étudiants-chercheurs ont investi les rues de Nègrepelisse cet été. Leur « mission » : inventorier, identifier, classer, mémoriser toutes les traces écrites, tous les signes parcourant la ville, du plus infime au plus visible… La finalité : suite à l’analyse de la masse d’informations obtenues, déterminer des voies possibles permettant de réécrire la ville sans en dévoyer sa nature profonde ou, plus globalement, comment et avec quoi définir une utopie de la proximité viable, sous le jour de la citoyenneté.

La question posée est en résonance avec le rôle qu’une signalétique peut s’attribuer pour qualifier la dimension civique d’un territoire. Pour obtenir des réponses justes, cette signalétique ne peut être simplement réduite à une déclinaison d’objets signifiants supplémentaires parcourant l’espace… A l’inverse, elle doit être le résultat, par soustraction, d’une réflexion transversale tenant compte de l’existant et du devenir : réalités sociale, politique et linguistique du lieu, histoire, architecture et environnement, enracinement local, organisation de l’espace, ambitions, etc. Tout, sauf une série de panneaux. Le caractère utopique du projet, bien que concrètement réalisable, est de repenser le « dialogue » écrit dans l’enceinte de l’espace public afin qu’il puisse provoquer d’autres modes relationnels fondés sur le civisme, la responsabilité, la conscience, l’altérité, tout en étant aussi vecteur d’agrément visuel et de cohésion.

Thibault Fourrier, Civic City. 

Site Internet de Civc City

Plus d’informations sur www.la-cuisine.fr